Tiphaine Auzier, la fille de Brigitte Macron, a suivi les traces de sa mère en participant à l’ouverture d’un lycée sans entretien.
Son apparition le jour de la rentrée dans une robe hétéroclite, dorée par les rayons du soleil de Brégançon. Ces pommettes, cette mâchoire arbitraire qui dit “Vous êtes des pionniers, je compte sur vous”, ces jambes étroites en talons hauts…..
La même impression se dégage de l’allure de Brigitte Macron, allégée par le poids des ans. A ses côtés, sa fille Tiphaine Ozier, concentrée et joyeuse, jouant sur les similitudes qui lui reviennent sans cesse à l’esprit. Le reste de la famille – son frère et sa sœur, comme Emmanuelle Macron – fuit le monde. Elle a ouvert à Clichy-sous-Bois un lycée réservé aux diplômés, comme sa mère. Mais un lycée de l’excellence présenté comme un laboratoire de l’égalité des chances avec un proviseur curieux et un projet peu orthodoxe.
Quand Tiphaine Auzière, sa complice aux législatives de Thibault Guilloux, a lancé ce projet de lycée, elle s’est emballée.
Curieusement, elle parle peu de son père, banquier au Crédit du Nord, décrit comme un autosuffisant, un gentil sur qui tout semble retomber, un homme tranquille, un joueur de casino important, loin d’avoir hérité de la gaieté de son ex-femme. En 2006, après une lente séparation et un divorce, il revient vivre à Paris, encore plus distant, à la veille de ses 70 ans, encore plus impassible, avec un humour britannique, le genre d’homme qui dit qu’il a pris l’air parce qu’il a ouvert une fenêtre… André-Louis Auzière, une énigme pour de nombreux journalistes qui l’ont cherché pendant des mois, allant jusqu’à fouiller dans ses dossiers fiscaux et sociaux… en vain. “Ils peuvent toujours chercher”, dit Tiphaine Auzière. Silence, une gorgée d’eau : “Mon père est mort, je l’ai enterré le 24 décembre dans le plus grand secret. C’était un anticonformiste extraordinaire qui tenait plus que tout à préserver son anonymat. Nous devons le respecter. Voilà, je l’ai dit. Il y avait une lueur de tristesse dans ses yeux kaki.
L’après-midi, le professeur de littérature commence par le terme “encouragement”, puis les plonge dans “L’ennemi”, extrait des Fleurs du mal.
Issam, 14 ans, n’en a pas cru ses yeux lorsqu’il est arrivé de Sarcelles avec sa mère, qui avait découpé un article du Parisien avec la photo de la belle-sœur de Macron. Je n’en croyais pas mes yeux”, se souvient l’adolescent algéro-comorien. Avant de rencontrer le directeur, je pensais que c’était une blague, mais j’ai aimé son discours. Le cadet l’appelle “mon grand garçon” et lui assure qu’en deux ans, il pourra passer son bac sans renoncer à l’entraînement de foot et ensuite, qui sait, aller au cours préparatoire d’à côté et devenir le prochain Mbappe.” D’autres se pressent à la porte : quelques adolescents expulsés des lycées voisins qui ont les moyens de payer 9 500 euros par an, puis des jeunes de Vitry, Saint-Denis, Nanterre, Le Perrot, des bons à rien ou des pépites acceptées pour dix fois moins. Cadet les prend tous. Le soir, dans sa petite chambre au sous-sol, il compte ses ouailles, heureux d’avoir déjà rempli la classe.
Il distingue ceux qui demandent une attention particulière :
Le garçon en surpoids
Le père malade
L’asperge au clair de lune
L’homme avachi dans son sweat-shirt
Pourquoi te tiens-tu comme ça, demanda le directeur. De quoi as-tu peur, mon grand ? – Les autres sont plus forts”, dit l’élève. – Jette ta peur aux toilettes”. Il a remis un règlement avec des mots en latin et les termes de Simone Weil : “L’intelligence ne grandit et ne fructifie que dans la joie.” Et cette devise : “Peu importe que les autres aient échoué ou que j’aie échoué jusqu’à présent, cette fois-ci, je gagnerai.”